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Accompagner les agriculteurs cédants

Si l’accompagnement de la transmission d’exploitation passe plutôt par celui des futurs installés, des coopératives ont structuré, ou commencent à le faire, une démarche spécifique pour les cédants.

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«Toutes les coopératives se préoccupent des cédants. Un cédant, c’est potentiellement un associé coopérateur en moins », rappelle Marielle Garcia, chargée de mission vie coopérative et formation à La Coopération agricole Ouest. Chez les négoces, si la question du renouvellement des générations préoccupe aussi, il n’y a pas d’accompagnement des cédants réellement formalisé. Côté coops, c’est plus ou moins le cas, selon la stratégie. « En France, un chef d’exploitation sur deux partira à la retraite d’ici 2030, le renouvellement des générations est donc un sujet primordial pour maintenir et développer le potentiel de production », analyse Terrena. « L’enjeu, c’est de garder le potentiel de production et de faire tourner les outils », abonde Anne Porchet, chez Soléo Développement. L’organisation est née en 2014 pour créer une dynamique dans les filières élevages. Six coopératives en sont actionnaires : Océalia, Cap Faye, Sèvre-et-Belle, et trois autres en production animales, Caveb, Terra Lacta et Alicoop. D’où l’intérêt de s’impliquer auprès du cédant, afin de maximiser les chances qu’il trouve un repreneur et transmette son exploitation dans de bonnes conditions.

1 Identifier les futurs cédants

Pour accompagner les cédants, encore faut-il savoir qui ils sont. Eureden s’appuie pour cela sur son réseau de TC (lire ci-contre). En Poitou-Charentes, Soléo Développement a commencé à formaliser un dispositif. « Au total, avec les six coops actionnaires, cela représente 120 conseillers sur le terrain, note Anne Porchet. On sait qu’ils sont les interlocuteurs privilégiés des éleveurs ; on s’organise pour que l’information nous remonte quand une exploitation va être à céder. » Les conseillers ont désormais des fiches à remplir et à transmettre. Parfois, tout simplement, « certains futurs cédants expriment directement leur demande auprès de leur coopérative, en disant je veux partir à la retraite ou me réorienter vers un autre métier », observe Marielle Garcia.

2 Informer sur la cession

Transmettre ce qui est souvent le fruit du travail de toute une vie est un moment délicat, et nécessite une préparation plusieurs années en amont. Chez Eureden, les experts transmission proposent aux producteurs un accompagnement pour faire notamment le point sur la partie immobilière, le foncier et les impacts fiscaux. « On fait remonter des points de vigilance, note Jean-Yves Deslandes, expert installation-transmission ruminants. Nous sommes des facilitateurs. » Un état des lieux de la structure, avec les forces et les faiblesses, peut aussi être dressé, et une estimation de la valeur économique réalisée. « On ne veut pas entendre parler de valeur patrimoniale. Il faut vraiment avoir cela en tête, même si cela ne fait pas plaisir aux exploitants. »

3 Jouer les entremetteurs

Accompagner le cédant, c’est aussi le mettre en relation avec un potentiel repreneur, ainsi qu’avec les autres organisations impliquées dans la transmission. Chez Eureden, si l’on met en contact des repreneurs potentiels et de futurs cédants, la coopérative est claire : pas question de se substituer aux centres comptables et à la chambre d’agriculture. « On travaille vraiment avec eux », met en avant Jean-Yves Deslandes. Le constat est le même chez Soléo : « On s’appuie sur les partenaires, appuie Anne Porchet. Soléo a plus vocation à faire entrer en relation les gens, à mettre tout le monde autour de la table. » Chez Terrena, s’il n’existe pas de dispositif organisé au sens propre, « nos techniciens sont sensibilisés pour accompagner la réflexion des cédants en les aidant à se poser les bonnes questions et à s’orienter vers les organismes locaux ».

4 Aider les repreneurs

Si trouver un successeur n’est pas forcément aisé en élevage, une fois que c’est le cas, les coopératives ont mis en place de nombreux dispositifs pour les aider. Chez Soléo, « nous avons élaboré des tableaux de bord technico-économiques, par exemple, illustre Anne Porchet. Et il y a des projets plus transversaux, comme la structuration de filières. Ainsi, nous travaillons à développer des filières en protéines végétales pour l’autonomie des élevages. » En porc, avec la SAS Avenir Élevage, Eureden propose notamment un accompagnement financier et de la contractualisation. « Nous sommes persuadés qu’il faut aller chercher des futurs installés hors cadre familial, appuie Philippe Le Vannier, expert installation spécialisé dans le porc chez Eureden. Cela nécessite un accompagnement plus poussé que quand c’est le fils qui s’installe. Ces dossiers sont très différents. » Pour la production de volailles label, l’accompagnement de Terrena comprend des aides à l’investissement sur dix ans à hauteur de 17 600 € pour la construction d’un bâtiment, soit 16 % de l’investissement global. Elle propose également une avance de trésorerie jusqu’à 15 % du montant de l’investissement, plafonnée à 13 200 € sur huit ans, à un taux avantageux.

Marion Coisne

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